Conseil
municipal 20/10/2004
Diagnostic,
stratégie de développement
et commercialisation du
PACB
Intervention
de François Meyroune
L’audit
qui coûtera fort cher aux
Migennois [ cette année
le coût de la mission sera
de 110 000€ (TTC) pour la
tranche ferme et 251 000€
pour la tranche conditionnelle
augmenté de 20 000€ par
tranche de 80 emplois créés]
annonce d’entrée son intention
de porter « un regard
objectif (p4) sur le contexte
économique et concurrentiel
migennois ».
Après
avoir présenté sa méthode,
documentation et entretien,
il fait la liste des audités.
Hormis
2 élus ( le maire et le
1er adjoint),
2 personnes des services,
2 organismes, on notera
qu’il ne s’agit que de dirigeants
d’entreprise !
Rien
qu’avec cela, on imagine
la conception et le contenu
de cette étude. C’est à
partir des idées émises
par des dirigeants d’entreprise
que se construira le projet.
Que
ces gens soient entendus,
nous n’avons rien contre.
Mais d’autres personnes
auraient pu l’être. Je pense
aux responsables salariés
des CE, aux syndicalistes,
aux personnalités associatives,
aux institutions, aux représentants
des différents courants
d’opinion et les élus de
toutes tendances de Migennes
et de l’agglomération.
Sur
les ambitions et l’image
de la ville :
L’objectif
d’augmenter la population
de 22,5% est fort louable,
mais il est peu réaliste
compte tenu des tendances
démographiques actuelles,
notamment dans les villes.
D’ailleurs, on se garde
bien de dire quand on compte
atteindre cet objectif.
Dans
ce §, on relèvera également
un de vos objectifs que
je considère révoltant et
odieux. Vous vous proposez,
je cite, de changer la physionomie
et l’image de « ville
cheminote/ ville ouvrière »
de Migennes. Celle-ci serait
une contrainte « préjudiciable »,
un point faible (p30, 32)
Incroyable !
Je
ne vois pas en quoi la ville
cheminote et ouvrière gênerait
le développement économique,
Je crois plutôt qu’il y
a derrière ces termes une
volonté politique visant
à changer la sociologie
de la population de la ville
pour des raisons électorales
parce que les ouvriers ne
votent pas pour l’UMP.
Cette
idée revient p 12 quand
on écrit que la ville, aux
dires des patrons, «
est peu esthétique et que
les barres d’immeubles HLM
y sont dénoncées pour la
population qui y loge ».
Incroyable et scandaleux !
Que
veut dire cette appréciation ?
S’agit-il d’une population
qui fait tache, qui fait
désordre dans la ville et
qu’il faut effacer?
On
conclut plus loin que :
« s’il est difficile
d’agir sur la dimension
habitants des HLM migennois,
le projet de ville va améliorer
la cadre de vie. »
On
a même l’impression que
l’on aimerait bien pouvoir
agir sur la dimension « habitants ».
Quand
on voit vos projets de démolition
d’immeubles HLM, on peut
dire que les entrepreneurs
qui ont déclaré de telles
inepties aux consultants
seront entendus.
Cela
va même plus loin puisque,
toujours parmi les « contraintes »
(p30), on souligne l’image
de « ville ouvrière ».
Le vieil adage du 19ème
siècle « classes laborieuses,
classes dangereuses ! »
fait encore des émules.
Eh
bien, nous, nous sommes
fiers de cette ville cheminote,
de cette ville ouvrière.
Nous pensons qu’une ville
cheminote, qu’une ville
ouvrière, qu’une ville avec
des HLM a droit au développement
économique et nous voulons
nous aussi la changer, mais
pas dans le même sens que
vous.
Et
nous considérons que la
thèse avancée par ce bureau
d’étude et que vous nous
proposez d’approuver, est
une insulte à la population
migennoise, à ses traditions,
à ses luttes.
Autre
« contrainte » :
le « retard »
Migennes
serait en retard et le modèle
serait Joigny et Sens. On
parle d’attraction jovinienne
alors que notre ville serait
un « repoussoir ».
C’est scandaleux. Là-encore,
on insulte les Migennois.
L’audit
prend pour référence le
recensement de 1999. Nous
aussi.
Nombre
de chômeurs entre les recensements
de 1990 et 1999. Evolution :
Migennes
+ 1,97%
Joigny
+ 20,8%
Sens
+ 40%
Taux
de chômage des trois villes,
pour toutes les trois :
entre 17 et 18 %. Donc identique !
Population
des villes ayant un emploi :
Migennes
2632 en hausse de 0,2%
Joigny
3420 en baisse de
0,7%
Sens
10062 en baisse
de 3,8%
Nombre
de salariés
Migennes
2446 +2,25%
Joigny
3047 +2,24%
Sens
– 3,8%
Population
travaillant dans la commune
Migennes
1506 (–12,8%)
Joigny
2122 (-16,9%)
Sens
9149 (- 13,6%)
Ces
chiffres ne sont pas à la
défaveur de Migennes et
le « retard »
attribué à notre ville relativement
à Joigny et Sens n’est qu’un
leurre et de la propagande.
Que
le Sénonais et le Nord Sénonais,
se soient développés plus
vite que le reste du département.
C’est une évidence.
On
le doit à la proximité de
la région parisienne, aux
grands axes de communication,
mais aussi à une volonté
politique inscrite dans
le Livre Blanc de Grand
Bassin Parisien il y a quelques
années.
Une
parenthèse : Parmi
les atouts de la desserte
de Sens, le cabinet cite
le TGV qui assurerait la
liaison PLM et renforce
cette idée par une note,
p13, en écrivant :
« l’une des forces
de Sens…sa liaison TGV avec
Paris. » C’est complètement
faux ! Archi-faux.
Il n’y a pas de liaison
Sens-Paris par TGV.
Et
cette erreur entre autres
nous fait douter du sérieux
de ce cabinet consultant.
L’erreur est humaine, mais
celle-ci est impardonnable.
En
réalité, Sens, Joigny et
Migennes, comme toutes les
villes de France et de Navarre
ont été frappées de plein
fouet par la crise et par
les politiques nationales
qui l’ont accompagnée. Cette
crise qui a connu des moments
d’exacerbation très forts
dans les années 70, n’est
pas terminée et encore moins
les politiques libérales
qui l’accompagnent.
Des
millions d’emplois industriels
ont été et sont liquidés
en France, et l’Yonne n’est
pas épargnée, ni Sens, ni
Joigny, ni Migennes. Cet
aspect est complètement
absent de l’étude comme
s’il s’agissait d’une fatalité
contre laquelle on ne peut
rien faire.
En
2003, selon les ASSEDIC,
1000 emplois industriels
ont été supprimés dans le
département.
La
croissance actuelle, tant
louée, ne crée pas d’emplois
et le chômage augmente.
On frôle la barre des 10%.
Revenons
sur la période considérée
par Krief Consultants comme
marquée par le dynamisme
de Sens et de Joigny.
Sens :
début des années 70, délocalisation
dans l’Est de Pinchart-Deny :
- 250 emplois ( en majorité
des P2 et P3)
1988 :
fermeture définitive de
MORS : -350 emplois
années
1980 : fermeture et
casse de France-Huile :
-70 emplois
1983 :
Pont à Mousson, racheté
par un groupe allemand,
devenue SEE, malgré des
productions hautement performantes
( boîte de vitesse). De
800 salariés, est passée
à 100 aujourd’hui.
SEIMA,
fin des années 70, 1600
salariés. Rachetée par Valéo :
700 emplois aujourd’hui
et menace de délocalisation.
FMC
( capitaux américains) :
plus de 400 salariés en
85, 250 aujourd’hui.
Richard-Ledroff
fermeture. 100 emplois supprimés.
CD-Plastora :
450 salariés, rachetée par
Eurostyle, devient Möllertech
avec 250 salariés.
Le
miracle économique n’est
pas au rendez-vous.
Joigny :
Je ne citerai que le départ
de Berner à Saint Julien
du Sault qui compte aujourd’hui
1200 salariés. Tubauto parti
à Gron., les Ateliers de
Joigny réduits à leur plus
simple expression.
Quant
aux ateliers-relais, ils
font plutôt figure de lieux
d’hébergement de chasseurs
de primes qui viennent faire
un petit tout et puis s’en
vont.
Ainsi,
parler de retard de Migennes
par rapport à Joigny et
à Sens est une contre-vérité.
Migennes
a aussi subi des coups (
comme avec la disparition
de Giblin-Lavault), pendant
cette période, mais elle
s’est battue contre la politique
gouvernementale de désindustrialisation
.
Je
crois, sur cette idée, que
si nous avons encore un
site important de la SNCF,
c’est à la bataille que
menèrent les municipalités
de Gauche depuis 77 qu’on
le doit. Mais rien n’est
acquis une fois pour toute.
Le
document sous-entend, et
cela ne nous surprend pas,
que ce « retard »
serait dû à l’immobilisme
des municipalités. Rétablissons
la vérité.
L’évolution des bases
de la Taxe Professionnelle
acquittée par les entreprises
est le signe le plus probant
du dynamisme économique
d’une ville. Regardez cette
évolution à Migennes et
vous conclurez à une croissance
continue des bases de TP
d’année en année. C’est
incontestable.
Quand la Gauche a conquis
la municipalité de Migennes
en 77, la crise faisait
des ravages et la ville
n’était pas épargnée :
licenciements, fermeture
de la CAAPY, déclin de la
SNCF…
Les
zones industrielles créées
dans les années 50-60, aux
temps des illusions économiques
d’après-guerre, étaient
loin d’être pleines.
En
2001, on pouvait comptabiliser
10 ha supplémentaires de
constructions et extensions
industrielles, artisanales,
commerciales et de services
à Migennes, malgré la crise,
de 77 à 2001. Ce n’est pas
rien !
Quelques
exemples :
Sur
la zone du Moutois
CIBCF
1092 m²
3F
2 extensions pour 1507 m²
Benteler,
anciennement Vandelle :
plusieurs extensions pour
un total de 5806 m². Depuis
la reprise par Vandelle,
encore 3685
m² et une nouvelle
extension projetée en 2001
de 3320 m².
L’ancienne
usine Giblin reprise et
occupée aujourd’hui
SFOC
Beaumont :
création d’un atelier de
mécanique de 1500 m²
Sapim
Inox : extension autorisée
de 3290 m²
Sans
oublier tous les crédits-baux
par la commune permettant la construction d’un bâtiment industriel : 307 aujourd’hui
Efirak, ATM soudure, Miguel
récupération, Le différents
ateliers qui se sont succédés
dans le bâtiment que l’entreprise
Evrard a acquis pour une
bouchée de pain.
Plus
encore, nous avions ramené
le coût du terrain en 81
à 20F le m².
En
zone de Fouchy :
Chagnaud
extension de 477 m², repris
par Urba, extension de 304
m², puis Stradal qui a construit
un bâtiment industriel de
3658
m².
Création
de l’Atelier du Centre Armançon :
300 m² pour le bois et 1167
m² pour les serres.
Nouveuax
silos Ruzé 1167 m²
En
zone Sud :
Sicavyl
7894 m² en 1984 ( nouvel
abattoir) + 1872 m². La
ville lui a vendu la rue
du Manoir au moment de la
construction du nouvel abattoir.
Isoprofil
installé avec le District :
496 m²
Croque
Bourgogne
Le
garage Coste
Charlatte :
vente de l’étang et de la
rue P. de Coubertin ( 23987m²
pour un projet d’extension.
Mais
départ à Brienon d’une partie
de ses activités. A l’époque,
M. Chaussy nous disait,
en substance : «
ils reviendront dans 2 ans »
La
Société Migennoise de Construction
qui s’est étendue ( 556
m²)
En
centre-ville :
ATAC ( sauvée d’une implantation
d’un LIDL à ses côtés) :
extension de 455 m²
ATAC :
extension de 1138 m²
Aux
Latteux :
création de la zone commerciale
Le
transfert du Leclerc :
13500 m²
Implantation
de LIDL, Hyper aux chaussures,
meubles Dilara : 3047
m²
M.
Bricolage : 4877 m²
Et
dans l’ancien Leclerc :
Référence Santé.
Activités
nautiques : Après
l’aménagement du port et
de la base nautique :
implantation
de Connoisseur Cruisers
création
de la cale sèche
chantier
naval sur l’Yonne
et
dans le PACB :
implantation de Colibri
Services
Ainsi,
il faut un certain toupet
pour dire que nous n’avons
rien fait pendant ces 24
années en ce qui concerne
le développement économique.
Bien au contraire !
Et encore une fois malgré
la crise.
La
ville s’est battue, a pris
des coups, a réalisé et
cela dans un contexte économique
difficile. Migennes n’était
pas en retard en 2001.
En
revanche, je n’en dirai
pas autant aujourd’hui en
ce qui concerne le PACB,
puisqu’à ma connaissance,
vous n’avez toujours pas
l’autorisation de lotir
dans la partie viabilisée
par nos soins.
Autre
tarte à la crème :
les poncifs sur les avantages
fiscaux :
La
Taxe professionnelle serait
un frein au développement
et un critère de choix pour
une implantation. Je rappelle
que la TP a baissé avec
la suppression de la part
salariale et le gouvernement
en rajoute en visant sa
suppression.
Le
cabinet propose de tirer
partie des nouvelles modalités
relatives à la TP dans le
cadre de la Loi de Finance
en 2005. Je ne comprends
pas. Les modalités sont
les mêmes pour tout le monde.
Les
secteurs d’activité
Un
secteur traditionnel de
l’agroalimentaire existe
pourtant à Migennes. Il
était performant en 2001
et il n’est pas sur la liste.
Par contre il apparaît dans
le § sur les secteurs sur
représentés. Inquiétant !
Qu’en est-il en 2004 de
la Sicavyl ?
Le
cabinet dit : «
ces entreprises se sont
organisés de façon quasi
autarcique, ce qui laisse
peut de place à d’éventuelles
synergies. » Qu’est-ce
que ça veut dire ?
Ne
pas prendre en compte le
secteur agroalimentaire
comme perspective et atout
du développement migennois
est erroné, plus encore
cela nous inquiète. Nous
cacherait-on des choses ?
Je relie cela à l’inquiétude
du personnel de la Sicavyl.
J’ai appris que très récemment
le nouveau directeur avait
été licencié.
Pour nous l’industrie
agroalimentaire, de la viande
notamment, est un atout
et doit être soutenue et
renforcée.
Ce paragraphe en italique
n’a pas été prononcé !
Quant
aux propositions concrètes,
elles sont difficiles à
percevoir. Certaines
nous semblent démesurées. :
Hôtel d’affaires dans le
parc , musée virtuel
etc…
Pour
conclure nous dirons que
nous sommes en désaccord
total avec ce diagnostic
et les propositions. Nous
voterons contre la délibération
qui nous est proposée et
nous demandons de ne pas
s’engager dans la tranche
conditionnelle.
Je
ferai cependant quelques
propositions qui devraient
être prises en compte pour
favoriser le développement
économique du Migennois.
- Il
faut une autre politique
nationale qui favorise
la croissance créatrice
d’emplois, ce qui n’est
pas le cas aujourd’hui
et cette politique ravageuse
de l’UMP, c’est la vôtre.
Elle favorise la baisse
du prétendu « coût
du travail » et donne
toujours plus de moyens
au patronat pour licencier,
précariser, délocaliser.
Il faut donc à notre niveau s’opposer à tout licenciement.
- L’intercommunalité
est totalement absente
de la réflexion et des
propositions du cabinet ;
ce qui est invraisemblable.
Je rappelle que la CCAM a la compétence du développement économique, notamment
celle des études. Il faut
donc penser le développement
de la ville dans le cadre
intercommunal ainsi que
son articulation avec les
différentes zones du territoire.
Autrement
dit, si le projet de création
de la ZA de Charmoy est
toujours d’actualité, le
cabinet aurait dû étudier
cette articulation avec
le PACB. Je rappelle que
la ZA de Charmoy se trouve
au bord de la RN6. C’est
là que se situe le site
à privilégier, parce que
c’est sur cet axe que les
entrepreneurs veulent s’installer
en priorité.
- L’intermodalité,
avec notamment le soutien
au fret ferroviaire,
n’est pas une nouveauté.
Les atouts de Migennes
ont été rappelés. Aussi,
faut-il lancer une étude
rapidement sur la faisabilité
d’une plateforme
multimodale à Migennes.
En son temps, le Préfet
avait donné son accord
avec cette idée. Mais
2001 nous a empêchés
de poursuivre.
- Pour
valoriser le fer
et je rappelle au passage
que la SNCF est toujours
le premier employeur
de Migennes, il faut
vite réaliser le
TGV Yonne-Nord de
la France et de l’Europe
qui partirait de Laroche-Migennes,
passerait à Sens et
rejoindrait la LGV au
niveau de Montereau,
comme le proposent les
élus communistes, passerait
par Roissy et irait
sur Lille
etc…
- Autre
proposition : relancer
le débat sur le pays
du grand Auxerrois.
Le cabinet pense la
concurrence avec les
zones de l’Auxerrois ?
Il faut au contraire
penser en terme de coopération.
La création d’un pays
de l’Auxerrois, incluant
le Migennois, serait
une bonne initiative
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