Rapport complet de l'adjudant JAMBERT

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GENDARMERIE NATIONALE
PROCÉDURE D’ENQUÊTE PRÉLIMINAIRE
PROCÈS-VERBAL DE SYNTHÈSE
COMPAGNIE D’AUXERRE (Yonne) — BRIGADE D’AUXERRE RECHERCHES
Victime : (supposées) : LEMOINE Françoise, LEMOINE Bernadette, DEJUST MADELEINE, WEIS Jacqueline, GRAS Chantal, RENAULT Martine (mineure au moment des faits).
Pièce n° 1043/1.

L’an mil neuf cent quatre-vingt quatre, le vingt-deux juin,

Nous, JAMBERT Christian, Adjudant à la Brigade des Recherches d’Auxerre (Yonne), officier de police judiciaire,
Vu les articles 16 à 19 et 75 à 18 du Code de procédure pénale,
Rapportons les opérations suivantes que nous avons effectuées agissant en uniforme et conformément aux ordres de nos chefs.

I. Exposé des faits
Le 26/09/1979, la mineur RENAULT Martine, 16 ans, pupille de la DASS, placée à la Maison d’Enfants de « Montmercy » commune de St-GEORGES/BAULCHES (89) disparaît. Tout d’abord, cette affaire est considérée comme une fugue de la part de cette jeune fille. Mais, bientôt, les recherches effectuées à l’occasion de cette « fugue de mineure » permettent de découvrir des éléments très suspects qui amènent le Gradé saisi à cette époque (MDL Chef JAMBERT) a effectuer un PV de « disparition suspecte » (n° 1793/1979-B. T-AUXERRE, adressé au Parquet compétent le 15/10/1979). Les recherches effectuées n’amènent pas la découverte de la jeune fille qui ne sera jamais revue, malgré les investigations sous forme active et qu’elle soit inscrite au Fichier des personnes recherchées. Une personne dont le comportement attire l’attention des enquêteurs est même entendue, il s’agit d’un certain LOUIS Émile, chauffeur de car, demeurant à VILLEFARGEAU à l’époque et qui a été vu vers le foyer d’où est sortie furtivement cette mineure. Entendu alors, l’intéressé dit qu’il « cherchait son chien ».
Puis, une enquête d’environnement permet également d’établir que LOUIS Émile a été « inquiété » plusieurs fois et même déjà interpellé par le Commissariat de Police d’AUXERRE pour des faits plus ou moins similaires et surtout sur des problèmes de « mœurs ». Il sera mis hors de « cause » à chaque fois.
Le 05/07/1981, les restes d’un corps humain découvert sous 30 cm de fumier dans une cabane servant d’abris à bestiaux sur le territoire de la commune de ROUVRAY (89). Bien vite, les enquêteurs déterminent qu’il s’agit du cadavre d’une femme. Cette affaire fera l’objet du PV 495/1981, B. T de LIGNY-LE-CHÂTEL. L’enquête oriente les enquêteurs pour l’identification du corps vers le problème précité (RENAULT Martine). Il va s’avérer en fait, qu’il s’agit du cadavre d’une nommée DURAND Sylviane. Une information sera ouverte pour Homicide Volontaire. Là encore, il est déterminé que cette femme était une relation de LOUIS Émile. Ce dernier sera arrêté et inculpé. Cette affaire est toujours à l’« Instruction » au Parquet d’AUXERRE.
Avant d’agir en vertu des différentes réquisitions effectuées pour les Juges d’Instruction saisis pour l’affaire du « cadavre de ROUVRAY », les enquêteurs avaient remarqué un élément troublant. En effet, plusieurs autres femmes disparues dans la région d’AUXERRE ou plus particulièrement de VILLEFARGEAU, non seulement étaient de la DDASS comme la jeune RENAULT. M. et DURAND Sylviane mais en plus avaient un physique plus ou moins commun, particulièrement avec DURAND Sylviane. Des recherches préliminaires seront effectuées sur leurs disparitions qui restent encore des plus suspectes. Là encore, il est établi que ces femmes avaient des relations avec LOUIS Émile.
Devant cet état de faits, et hors les investigations dans le cadre de l’affaire DURAND Sylviane, LOUIS Émile n’est pas entendu pour ne pas empiéter sur l’instruction ouverte.
Toutefois, ces femmes sont recherchées activement à l’échelon national par l’intermédiaire des unités de recherches, aussi bien aux listes électorales que aux différentes Caisses de Sécurité Sociale ou allocations familiales ; aucune ne sera découverte.
Étant toutes de la DASS et majeures au moment de leur disparition (sauf RENAULT. M.) des recherches dans l’intérêt des Familles seront demandées par des membres de leurs familles légitimes ou naturelles, elles s’avéreront également infructueuses. Puis, en de nombreuses reprises, des articles de recherches seront insérés dans le journal l’Yonne Républicaine (les intéressées ayant disparues sur AUXERRE). Là encore non seulement aucune nouvelle d’elles n’a été obtenue, mais aucune personne de leur entourage dit les avoir revues.
Devant cette situation, nous avons pu déterminer lors d’investigations, après avoir informé M. Le Substitut du Procureur de la République à Auxerre (M. STILINOVIC), donc, que les femmes suivantes sont disparues :
RENAULT Martine, 19/02/63 à AUXERRE, disparue comme déjà indiqué en 1979.
LEMOINE Françoise, 01/12/48 à Chablis (89), disparue début 1975, alors qu’elle occupait apparemment une chambre louée par LOUIS Émile au « NIKI-BAR » à Auxerre.
LEMOINE Bernadette, 22/11/58 à Tonnerre (89), disparue en 1977 ; aurait été vue en compagnie de LOUIS Émile ou l’aurait fréquenté avant sa disparition à AUXERRE ou sa région.
DEJUST Madeleine, 01/10/55 à St-ROMAIN-LE-PREUX (89), disparue en juillet 1977, entre AUXERRE et VILLEFARGEAU alors qu’elle devait prendre le car normalement conduit par LOUIS Émile.
WEIS Jacqueline, 07/08/52 à ESCH-SUR-ALZETTE (Luxembourg), disparue à AUXERRE le 04/04/1977 alors qu’elle était placée chez les époux LOUIS Émile à VILLEFARGEAU. Ce dernier, censé emmener cette jeune femme à la gare d’AUXERRE pour qu’elle se rende à AVALLON par le train, fait savoir à son épouse au retour qu’elle aurait « louper » le train et qu’il aurait laissé WEIS J. à la Gare. Il ne fournira jamais d’autre explication et cette jeune fille ne sera jamais revue.
GRAS Chantal, 19/01/59 à PARIS, 14e, disparaît subitement le 22/04/1977 en revenant de l’école. Elle part sans autre préparation dès son retour de l’école de chez sa nourrice à VILLEFARGEAU pour se diriger vers AUXERRE à pied, elle ne sera jamais revue et n’a pas été vue dans le village. Le soir vers 21 heures, LOUIS É. est aperçu par le frère nourricier de la jeune fille alors qu’il se dirige également vers AUXERRE avec sa voiture.
Dès les investigations effectuées lors de la découverte du cadavre de DURAND Sylviane, les personnes susnommées ont été inscrites au Fichier des personnes recherchées à l’Échelon National sous les Fiches n° : « P. J 8102436 GN 89 à 8102441 GN 89, elles n’ont jamais été contrôlées ou signalées.
Début 1982, nous apprenons qu’une certaine BOULANGER Jocelyne, 05/09/53 à AUXERRE, aurait été vue avec LOUIS É. dans les années précédentes. Cette personne s’est présentée spontanément à nos services et, verbalement fait savoir qu’elle a été la maîtresse de l’intéressé qui avait un comportement tout à fait anormal envers elle. Il l’emmenait dans une cabane et s’adonnait à des actes « sado-masochistes » sur elle. Devant ces révélations, elle a été entendue officiellement dans le cadre de l’information concernant l’affaire DURAND. S. Également la mère de cette personne sera entendue, cette dernière ayant fait savoir que LOUIS É. s’était vanté qu’il « N’ÉTAIT PAS GÊNÉ DE TRANSPORTER DES CADAVRES DANS SA VOITURE ».
Notre Commandant de Compagnie a eu des comptes rendus au fur et à mesure du déroulement de l’enquête.

II. ENQUÊTE
Monsieur le Substitut du Procureur de la République d’Auxerre (M. STILINOVIC), donc informé des faits ci-dessus nous a prescrit d’effectuer une enquête et d’établir un PV de renseignements judiciaires.
A plusieurs reprises toutes les unités de Recherches de la Gendarmerie ont été saisies de vérifications portant sur les femmes précitées, aucune trace d’existence de l’une d’elles n’a été détectée. Les recherches ont porté également dans les milieux de la prostitution aussi bien par l’intermédiaire d’organismes de Police que de Gendarmerie ; là encore aucune des susnommées n’a été connue ou découverte.
Toutefois, il est à remarquer que lors de l’arrestation de LOUIS Émile le 28/12/1981 dans le cadre de l’affaire du cadavre de DURAND Sylviane, l’intéressé avait reconnu aux enquêteurs dans une enquête préliminaire parallèle avoir un comportement bizarre et avoir eu des attouchements de nature sexuelle sur les filles de la DASS confiées à sa concubine de l’époque (Mme BINOCHES Gilberte). Les fillettes n’avaient que 8 ans et, de plus l’intéressé avait également eu des rapports complets avec une autre fille de moins de 15 ans confiée également à Mme BINOCHES. Ces affaires ont fait l’objet du PV 1949/1981 de notre unité et a été jugée depuis. Ces faits confirment le comportement anormal de LOUIS Émile qui s’est toujours trouvé dans l’environnement immédiat des femmes disparues souvent presqu’en sa présence. Mis à part la disparition de RENAULT Martine mineure, les autres n’avaient jamais été officiellement signalées et étaient en plus pratiquement inconnues des services publics. Cet été de faits est tout à fait similaire avec la disparition de DURAND Sylviane qui n’avait pas été non plus signalée, son mari était en prison et, c’est justement pendant cette période qu’elle avait été vue à plusieurs reprises avec LOUIS É. C’est justement cette fréquentation de LOUIS É. qui a permis d’identifier le corps de DURAND S. et de découvrir la disparition des 6 autres femmes qui se trouvaient donc dans l’environnement de cet homme, après avoir été « ses maîtresses ».
Plusieurs personnes avaient été entendues dans l’enquête pour l’affaire DURAND Sylviane au sujet des disparitions des autres susnommées avant l’identification de cette dernière. Leurs auditions ont été adressées au Juge d’Instruction d’AUXERRE dans le cadre de l’information. Il s’agissait de :
DELAGNEAU Simone, ex-épouse LOUIS — PATAILLE Jean — THIBAULT Gérard — GUGNOLLE Christian (maire de Villefargeau) — BONEFILLE Roger — MEERAT Marcel — MICHAT Jacqueline — LEGER Madeleine ép. LEMOINE (actuellement décédée) — BINOCHES Gilberte (concubine de LOUIS É.). De nombreuses personnes seront entendues verbalement pour la présente affaire, elle confirmeront la disparition des susnommées.
Les personnes suivantes ont été entendues officiellement :
GUYOT Gisèle, ép. VATANT (pièce 2). Elle se souvient qu’un chauffeur de car, « de Bourgogne » (Rapides), avait amené il y a quelques années une nommée LEMOINE Françoise aux Ets DAVIGNON pour qu’elle travaille. Elle logeait dans une chambre vers les « RAPIDES DE BOURGOGNE ». LOUIS que la déclarante reconnaît sur photos amenait LEMOINE F. au travail, puis un matin elle n’est pas venue au travail, sans prévenir, ils ne l’ont jamais revue.
GUIMARD Annie, ép. BOYER (pièce 3), elle se souvient de la disparition de RENAULT Martine, élève au « S. E. S » de la « Noue » à AUXERRE. Les jours précédant sa disparition, cette élève avait confié à des camarade comme à elle, qu’elle devait rejoindre sa mère qu’elle ne connaissait pas avec un chauffeur de car. Elle ne fabulait pas et semblait avoir dit la vérité.
METHRY Mauricette, ép. BULCOURT (pièce 4), au mois de juillet 1977, DEJUST Madeleine qui était placée chez elle, est partie le matin ver 7 heures à bord de la voiture de M. LOUIS chauffeur de car (chose normale hors période scolaire). Elle n’avait emmené aucune affaire supplémentaire et rien dit de spécial. Elle devait normalement revenir le soir comme d’habitude vers 19 ou 19 h 30 à bord donc de la voiture de M. LOUIS. Mais, elle n’est pas revenue. La déclarante et son époux l’ont cherchée infructueusement. Cette « fugue » avait été signalée à la Gendarmerie et à la DASS mais la jeune DEJUST était majeure et, rien ne permettait des recherches officielle. Justement ce soir là, LOUIS É. ne s’est pas présenté comme prévu à la gare routière pour emmener les autres clients. Son épouse contactée par les époux BULCOURT ne savait pas où était son mari qui n’était pas rentré non plus. Mme BULCOURT ne nous apprend rien d’autre sur cette disparition, mais précise que le comportement de LOUIS É. était bizarre ; d’autant plus qu’une autre jeune fille de 17 ans, placée à VILLEFARGEAU également, Chantal (GRAS), qui prenait également le car ou montait dans la voiture de LOUIS É. dans les mêmes conditions de DEJUST M. a disparu dans les mêmes circonstances en revenant un soir de l’école. La déclarante termine en précisant que depuis que LOUIS É. n’est plus chauffeur de car à VILLEFARGEAU, il n’y a plus de disparition.
PREAU Renée, veuve MAUDIER (pièce 5) ; confirma la disparition de GRAS Chantal qui était en nourrice chez elle, en 1977, dans les mêmes conditions que DEJUST Madeleine, elle est partie sans emmener d’affaires. Elle était majeure, aucune autre mesure n’a été prise. D’après Mme MAUDIER, elle a du partir avec quelqu’un qu’elle connaissait. En ce moment là, M. LOUIS rendait visite à M. MAUDIER qui était malade. Cette jeune femme n’a jamais été revue.
POTEAU Monique, ép. GRABOWSKI (pièce 6), était tenancière d’un bar-hôtel le « NIKI-BAR » à AUXERRE. Elle connaissait LEMOINE Françoise, elle lui fut présentée par LOUIS É. pour femme de ménage. Ce dernier récupéra les affaires de LEMOINE F. qui n’était pas revenue dans sa chambre, il disait savoir où était cette femme.
SUIRE Daniel, directeur-adjoint du « S. E. S » où RENAULT M. était élève (pièce 7) ; Martine avait une légère déficience intellectuelle, pas capable d’organiser une fugue. Elle avait confié à une surveillante (Mme GUIMAR, ép BOYER, P. 3) le mardi (veille de sa disparition) que le lendemain, elle allait voir sa mère avec le chauffeur du car scolaire qui devait l’emmener.
CASSEDANE Nadine, ép. HENAULT, (pièce 8), elles étaient avec RENAULT M. dans la même section. Elle ne lui avait rien confié. Mais, Martine était dévergondée et n’aurait pas hésité à aller à un rendez-vous avec un homme marié.
GAILLARD Isabelle, nourrice officielle de GRAS Chantal (pièce 9). Cette jeune fille était sérieuse et n’avait pas envie de fuguer. Elle était confiée la semaine à Mme MAUDIER, celle-ci a expliqué la disparition de Chantal. La vraie mère de Chantal venait la voir chez Mme MAUDIER, c’est M. LOUIS É., chauffeur de car qui m’emmenait. Chantal parlait fréquemment de LOUIS É. à ses parents nourriciers, elle était intime avec lui ? ? ? Lors de sa disparition, Chantal était majeure. Toutes les affaires de cette dernière ont été ramenées par les époux MAUDIER avec M. LOUIS É. Cette disparition de Chantal n’est pas normale. Après avoir fait le point avec son concubin, la déclarante dit qu’ils ont conclu et pensé que LOUIS É. n’était pas étranger « à cette disparition » ? ? ?
Nota : A l’issue de sa déclaration, Mme GAILLARD nous a exhibé la veste-gilet qui appartenait à GRAS Chantal, et remise par LOUIS É. lui-même lorsqu’il a ramené les affaires en compagnie des époux MAUDIER.
Entendue à nouveau verbalement, Mm veuve MAUDIER maintient formellement que toutes les affaires de Chanbtal étaient dans des sacs ou cartons, qu’aucun vêtement ne se trouvait en vrac ainsi dans la voiture à LOUIS. Ce détail lui a paru étrange. Il est à noter également que cette dernière personne n’a jamais été spontanée à chacune de nos visite et semble être nettement gênée par notre enquête. Elle était amie au temps du vivant de son époux, comme lui, avec M. LOUIS É.
MARCEAU Gaston, frère nourricier de LEMOINE Françoise, (pièce 10), celle-ci fréquentait leur famille comme une vraie. Elle revenait chez eux de temps en temps. La dernière fois, elle est arrivée sans prévenir en taxi, elle semblait se cacher, elle venait de quitter un emploi aux abattoirs d’Auxerre dans une triperie (ETS DAVIGNON). On sentait qu’elle se cachait de quelqu’un. Elle est restée environ un mois. Puis sa mère naturelle (décédée actuellement) est arrivée accompagnée de LOUIS É. Ils venaient la chercher ; mais elle ne voulait pas les suivre ? ? ? Elle avait peur de cet homme ? ? ? Elle n’est montée dans la voiture de LOUIS É. pour partir sur insistance de ce dernier. Elle n’est jamais revenue, pourtant elle venait les voir, même avec sa fille. L’impression de cette famille nourricière est qu’elle semblait fuir ce chauffeur de car (LOUIS É.)
MICHAT Jacqueline, directrice de la Maison d’Enfants d’où est partie RENAULT Martine avant de disparaître (pièce 11). Elle a quitté cet établissement sans aucun motif. Il ne s’agissait pas d’une fugue, mais d’une disparition étrange. Elle avait dit la veille au « S. E. S » qu’elle fréquentait qu’elle allait voir sa mère (qu’elle ne connaissait pas) avec M. LOUIS. Justement, des garçon de la Maison d’Enfants qui jouaient dans le bois à proximité ont rencontré M. LOUIS É. Il disait chercher son chien. Le départ de RENAULT M. était prémédité ave la complicité d’une autre personne, elle ne cessait de parler de M. LOUIS. Le passage de ce dernier à ce moment là vers le foyer est troublant ? ? ?
DELAGNEAU Simone, ex-épouse LOUIS (pièce 12), WEIS Jacqueline a disparu alors qu’elle était placée chez elle par la DASS. C’est son ex-époux LOUIS É. le dernier à l’avoir vue. Il l’a emmenée à la gare d’AUXERRE depuis VILLEFARGEAU où ils habitent pour qu’elle prenne le train pour se rendre à AVALLON. En effet, la jeune fille avait trouvé un emploi en cette dernière ville et normalement s’était rendue avec LOUIS É. la semaine d’avant voir ses futurs employeurs. Mais, Mme DELAGNEAU a appris ensuite qu’ils ne s’étaient jamais présentés comme ils l’avaient indiqué. En revenant d’AUXERRE, LOUIS É. a dit à son épouse que WEISS J avait raté son train, mais qu’il l’avait laissé à la gare. Une carte postale de la ville d’AVALLON, mais postée à AUXERRE est arrivée chez eux le lendemain, elle semblait avoir bien écrite par la jeune fille. Elle était légèrement attardée mentale et, il faillait la surveiller. La DASS au courant avait dit qu’elle « était majeure ».
Quant aux autres, Mme DELAGNEAU, div LOUIS dit que LEMOINE Bernadette était venue chez elle avec son époux GAY-PARA, ils cherchaient son mari. Puis ensuite, alors que celui-ci vivait déjà avec Mme LEMENOREL, GAY-PARA s’est présenté à nouveau chez Mme LOUIS en disant que son mari savait où était sa femme. Lors de la disparition de RENAULT Martine, LOUIS É. s’était présenté vers son ex-épouse et lui avait demandé de dire qu’il était avec elle l’après-midi de la disparition de cette jeune fille. Puis, il a demandé à nouveau une nouvelle fois de dire cet état de faits cette fois-ci en pleurant. La déclarante trouve cela « étrange ». Si bien que lors de la disparition de DEJUST Madeleine, elle s’est rendue aux « RAPIDES DE BOURGOGNE » pour avoir des explications de son ex-époux. Il lui a dit que celle-ci était partie parce que M. BULCOURT couchait avec elle ? ? ?
Durant l’orientation de l’enquête et, LOUIS Émile étant cité pratiquement par toutes les personnes entendues, étant de plus impliqué voire inculpé dans l’affaire de la découverte du cadavre de DURAND Sylviane, nous n’avons non seulement pas voulu faire d’investigations le concernant, mais avons cessé les auditions officielles par écrit des autres personnes vues ensuite. M. Le Substitut, informé ce cette orientation de nos investigations, nous prescrit d’établir un « RENSEIGNEMENT JUDICIAIRE » et de transmettre au Parquet le dossier.
Les personnes suivantes seront ensuite contactées et entendues verbalement :
Mme FRIZON Odette, 21, rue Sous-Murs — Auxerre. Elle a connu une Françoise (LEMOINE) qui travaillait avec elle chez DAVIGNON. Elle mangeait avec elle les « midi ». Elle fréquentait un chauffeur des « RAPIDES DE BOURGOGNE », nommé LOUIS, il venait la chercher les soirs et parfois la ramenait les matins. Elle avait une chambre dans un café et avait une fille chez ses parents.
M. DAVIGNON Paul, abattoirs d’AUXERRE. A employé LEMOINE Françoise en décembre 1974 et Janvier 1975. Est partie subitement. Lui a demandé de lui adresser sa paie restant due chez ses anciens parents nourriciers vers VÉZELAY. Il avait remarqué que l’écriture et la composition de la lettre ne ressemblaient pas à la personnalité de LEMOINE F.
LEMOINE Ginette, ép. PLUMEL, entrée 8, porte 4, HLM Bd de Montmain à CHABLIS. Se souvient que sa mère lui avait dit que sa sœur Françoise venait souvent à CHABLIS en compagnie d’un chauffeur de car des RAPIDES DE BOURGOGNE, un certain LOUIS Michel. N’a jamais revu Françoise ou son autre sœur Bernadette, qui ont pourtant toutes les deux des enfants, cela est étrange, les enfants ont été abandonnés ainsi.
LEMOINE Paulette, 14, rue V. Hugo à CHABLIS. N’a jamais revu ses sœurs Françoise et Bernadette depuis plusieurs années. A appris que Françoise aurait vécu avec LOUIS Michel, chauffeur de car aux RAPIDES DE BOURGOGNE. A également appris par une personne dont elle ne se souvient pas, que ses sœurs Françoise et Bernadette auraient vécu ensemble dans la même chambre louée par LOUIS qui les fréquentait.
GAY-PARA J-Pierre, 8, allée de Champlin, les Vauviers à AUXERRE. LEMOINE Bernadette était son épouse. Elle a disparu en 1977, environ 6 mois après la naissance de leur fils Xavier. Il pense qu’elle a du partir avec un certain DUBOIS Lionel avec qui elle aurait vécu. Il ne l’a jamais revue. Il avait remarqué qu’un chauffeur de car, LOUIS, sortait avec elle et lui donnait de l’argent en disant qu’il était son cousin. Elle a du « aller avec » mais il semble qu’elle avait vécu avec ce DUBOIS avant de disparaître.
THIBAULT Gérard, 7, rue Cochois AUXERRE. Était placé en même temps que GRAS Chantal chez Mme MAUDIER à VILLEFARGEAU. Avait vu Chantal un mercredi soir avant sa disparition dans la voiture de LOUIS É. Avait déjà déposé pour l’affaire du cadavre de ROUVRAY. Chantal est partie en rentrant de l’école. Il a même été surpris de vois passer LOUIS É. justement ce soir là ver 21 heures avec sa voiture, il se dirigeait vers AUXERRE, même direction prise par Chantal.
LANOE Olivier, 8, allée de la Colémine, 4e, appartement éducatif à AUXERRE. Se trouvait à la Maison de l’Enfance à « Montmerçy », mais ne se souvient pas tellement du passage de LOUIS É. le jour de la disparition de RENAULT L. Était trop jeune (11 ans) dit se souvenir de rien.

III. CLÔTURE
De l’enquête effectuée, il ressort que malgré les recherches actives, les femmes objet de l’enquête sont bien disparues. Elles étaient toutes anciennes pupilles de la DASS. Elle n’ont absolument jamais été revues. Toutes ont tout abandonné laissant leurs affaires, voire même leurs enfants (pour les sœurs LEMOINE) alors qu’elles s’en occupaient encore. Quant aux quatre autres, elles ont disparu pratiquement de VILLEFARGEAU. Il est certain que pour les six connues officiellement, elles se trouvaient toutes dans l’environnement de LOUIS Émile. Ces circonstances sont étranges, d’autant plus que la découverte du cadavre de DURAND Sylviane, disparue donc dans des conditions identiques aux autres, amenait une fois de plus les enquêteurs vers LOUIS É.

Nous faisons parvenir, selon les instructions reçues la présente procédure établie en deux exemplaires, directement à M. Le Procureur de la République à AUXERRE.

FAIT ET CLOS à AUXERRE, le 23 juin 1984.
L’O. P. J.

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