Site réalisé par des bénévoles.
En cas de problème, merci de contacter: LesConcepteurs


|
Les
oubliées de l’Yonne
Les obsèques de deux des victimes
présumées d’Émile Louis ont eu lieu samedi, près de
trente ans après leur disparition, en l’absence quasi
totale de représentants officiels.
Auxerre, envoyée spéciale.
Cinq petites veilleuses rouges sont
alignées sur l’autel, disposées une à une par un
membre de chaque famille. Cinq flammèches qui « désignent
les autres disparues de l’Yonne : Chantal,
Christine, Bernadette, Martine et Françoise »,
indique le curé. Devant elles, deux cercueils couverts
de roses et de lys blancs. Portant ces inscriptions
sobrement gravées dans le bois : « Madeleine
Dejust née en 1955, disparue en 1977 » et « Jacqueline
Weiss née en 1958, disparue en 1977 ». Sur
les fleurs des bannières aux lettres dorées :
« Les familles des disparues. »
Samedi matin, le recueillement et
l’émotion habitaient les murs de la cathédrale d’Auxerre
en pleine rénovation. Comme un symbole. Il aura
fallu attendre près de trente années pour que leurs
proches puissent rendre un dernier hommage à leur
soeur, mère ou cousine. Les squelettes de Madeleine
Dejust et Jacqueline Weiss, évaporées au printemps
1977, ont été exhumés en décembre 2000 et janvier
2001 dans un champ situé sur la commune de Rouvray,
traversé par une rivière au nom évocateur, le Serein.
Sur les indications livrées par Émile Louis lors
de sa garde à vue, entre les 12 et 14 décembre 2000.
Après être passé au travers des mailles judiciaires
durant vingt-cinq ans, ce sexagénaire au casque
de cheveux blancs avoue et admet froidement avoir
enlevé, violé et assassiné sept jeunes filles, toutes
enfants de la DDASS, déficientes mentales, fragiles
et suggestibles. Avant de se rétracter, immuablement
depuis, le 16 janvier 2001 devant le juge d’instruction
Benoît Lewandoski. Des faits pour lesquels Émile
Louis est renvoyé, le 3 novembre prochain, devant
les assises d’Auxerre.
Ce rendez-vous judiciaire tant attendu,
toutes les familles présentes samedi aux obsèques
ne manquent pas de l’évoquer. Avec leurs mots et
toute leur difficulté à l’exprimer. « Nous
voulons savoir ce qui s’est passé. Nous espérons
la vérité, expliquent ainsi trois des quinze frères
et soeurs de Madeleine Dejust. Nous pensons aussi
aux autres qui n’ont pas les corps pour commencer
à faire leur deuil. »
Une soixantaine de personnes ont
assisté à la cérémonie. En majorité des proches
et des journalistes, les bancs réservés aux officiels
et aux présidents d’associations ayant été désertés.
Seuls les gendarmes qui ont enquêté sur l’affaire
des disparues de l’Yonne, le juge Lewandoski et
Florence Parly, représentant le président du conseil
régional, François Patriat, ont fait le déplacement.
« Je suis scandalisé. J’aurais voulu voir Jean-Pierre
Soisson (ancien président de la région Bourgogne),
un membre de la municipalité, du conseil général,
de la préfecture ou de la DDASS. Je crains plus
qu’un simple oubli de la part des officiels. C’est
comme si on ensevelissait une énième fois cette
histoire », tempête Jean Cordillot, ancien
maire communiste de Sens. « J’ai honte de cette
désertion, enfonce Daniel Picq, secrétaire départemental
du PCF. Cela prouve le désintérêt le plus total
pour ces familles démunies qui continuent d’être
traitées de manière affreuse. » Et Hélène Brun,
conseillère régionale communiste, d’ajouter :
« Depuis deux ans, nous nous battons pour la
création d’une commission d’enquête parlementaire
sur tous les dysfonctionnements, et ils sont nombreux,
autour de cette affaire. »
Le week-end dernier, l’heure auxerroise
s’est arrêtée à la tenue du Festival international
de musique et de cinéma. Dans les cafés, on parle
plus volontiers de Patrice Lecomte et de Bernard
- Menez, qu’on a vu déambuler dans les rues, que
de l’affaire des disparues qui « donne une
mauvaise image du coin ». Il aurait même fallu
batailler dur pour obtenir que la cérémonie se tienne
en la cathédrale. Ce que résume parfaitement cette
phrase prise à la volée : « On fait peu
pour les gens de peu. »
Sophie Bouniot, L'HUMANITÉ lundi
25.10.2004
|
Disparues
de l'Yonne : Chronologie
Voici les principales étapes de l'affaire des "Disparues
de l'Yonne".
1975 (ou juillet 1977 ?):
- 1975 (ou juillet 1977 ?)Disparition de Françoise
Lemoine, 28 ans, ancienne maîtresse d'Emile Louis.
- 23 janvier 1977 : Disparition de Christine Marlot,
15 ans.
- 4 avril 1997 : Disparition de Jacqueline Weiss,
âgée selon les sources de 18 ou 25 ans.
- 22 avril 1977 : Disparition de Chantal Gras,
18 ans.
- Juillet 1977 : Disparition de Madeleine Dejust,
21 ans.
- Juillet 1977 : Disparition de Bernadette Lemoine,
18 ans, soeur de François Lemoine.
1979
- 26 septembre 1979 : Disparition de Martine Renault,
16 ans.
1980
- 20 février 1980 : Le gendarme Christian Jambert
est chargé du dossier.
1981
- 1981 : Disparition de Sylviane Durand-Lesage,
23 ans.
- 5 juillet 1981 : Découverte à Rouvray du cadavre
de Sylviane Durand-Lesage.
- 28 décembre 1981 : Interpellation du chauffeur
de car Emile Louis. Il nie le meurtre de Sylviane
Durand-Lesage et les disparitions, mais avoue "des
troubles de comportement sexuel l'ayant entraîné
à commettre des attouchements sur mineurs".
1983
- Janvier 1983 : Emile Louis est condamné à cinq
ans de prison pour agressions sexuelles sur des
mineurs.
- 24 décembre 1983 : Emile Louis voit sa peine
réduite en appel à 4 ans de prison.
1984
- Début 1984 : Christian Jambert demande au substitut
au parquet d'Auxerre Daniel Stilinovic l'autorisation
d'effectuer une enquête préliminaire sur les disparues.
Le supérieur de Stilinovic, le procureur Meyer,
donne son accord.
- 22 janvier 1984: Des policiers découvrent à
Appoigny, près d'Auxerre (Yonne), au domicile de
Claude et Monique Dunand, une jeune femme entravée
sur une croix et torturée.
Sur la porte de la
cave sont affichés les tarifs des séances de torture.
- 29 mars 1984 : Emile Louis est libéré. Il quitte
la région et s'installe vers Fréjus.
- 26 juin 1984 : Christian Jambert remet son rapport.
Il sera classé sans suite par le procureur d'Auxerre
René Meyer.
1987
- 11 décembre 1987 : Disparition d'Isabelle Laville,
17 ans.
1989
- 23 novembre 1989 : Emile Louis est condamné
à 5 ans de prison pour attentat à la pudeur sur
mineurs.
- 1989-1990 : Trois jeunes femmes, Danièle Bernard,
Sylvie Bâton et Joanna Parrish, sont assassinés
dans l'Yonne. Leurs agresseurs n'ont jamais été
retrouvés.
1991
- 1er novembre 1991 : Le tortionnaire d'Appoigny,
Claude Dunand, est condamné à la réclusion criminelle
à perpétuité par les assises de l'Yonne.
1992
- 18 avril 1992 : Libération d'Emile Louis.
- 18 mai 1992 : Pierre Charrier, secrétaire général
de l'antenne dans l'Yonne de la Fédération de l'Association
Pour Adultes et Jeunes Handicapés (APAJH) est condamné
en correctionnelle à six ans de prison pour attouchements
sexuels avec violence.
1993
- 1993 : Pierre Monnoir, frère d'un handicapé
mental, cofondateur de l’association de défense
des handicapés de l’Yonne (Adhy), parle de la disparition
de "quatre filles" scolarisées à l’institut
médico-éducatif (IME) Grattery, à Auxerre au substitut
Bertrand Daillie.
- Avril 1993 : Bertrand Daillie commence une enquête.
1995
- 6 juin 1995 : Sollicité par l'APAJH, qui gère
l'établissement d'où ont disparu quatre jeune filles,
le procureur d'Auxerre refuse d'ouvrir une enquête.
- Fin 1995 : Georges Decuyper, ancien directeur
de l'IME des Iles, camarade de Pierre Charrier et
amant de sa femme, devient directeur de l'Apajh
départementale.
1996
- 3 juillet 1996 : Pierre Monnoir et l'avocat
de l'Adhy, Pierre Gonzalez de Gaspard, déposent
plainte à Auxerre.
Refus d'instruire.
1997
- 7 mai 1997 : La Chambre d'accusation de Paris
ordonne qu'un juge soit saisi.
- 3 août 1997 : Christian Jambert est retrouvé
mort à son domicile, une balle de carabine dans
la gorge. L'enquête conclut à un suicide.
2000
- Avril 2000 : La fille d'Emile Louis, Maryline,
déclare avoir vu son père éventrer une jeune femme
en 1967.
- Septembre 2000 : L'Association de défense des
handicapés de l'Yonne (ADJH) porte plainte contre
X pour " violence ayant entraîné des mutilations
et des infirmités permanentes " et " non-dénonciation
de crimes ", après avoir découvert le cas de
13 jeunes filles de la DDASS stérilisées à leur
insu depuis 1995.
- 12 décembre 2000 : Arrestation d'Emile Louis
à Draguignan (Var) où il avait pris sa retraite.
Il
avoue les meurtres de 7 jeunes orphelines attardées
mentales dans la région d'Auxerre à la fin des années
1970.
- 14 décembre 2000 : Emile Louis est mis en examen
pour enlèvement et séquestrations. Il indique aux
gendarmes le lieu d'enfouissement des cadavres,
sur les bords du Serein à Rouvray.
- 18 décembre 2000 : Découverte d'un premier squelette
avec un lot de vêtements.
2001
- 4 janvier 2001 : Découverte d'un deuxième squelette.
- 12 janvier 2001 : La Fédération de l'Association
Pour Adultes et Jeunes Handicapés (APAJH) décide
la radiation du comité départemental de l'Yonne.
- Janvier 2001 : Nicole Charrier, épouse de Pierre
Charrier, chargée du suivi familial au foyer APAJH
de l'Yonne où Emile Louis -dont elle est témoin
de moralité- recrutait ses victimes, est suspendue
de ses fonctions. Elle touche un chèque de 1,536
million de francs d'indemnités.
Daniel Stilinovic
est entendu par l'inspection des services judiciaires.
- 16 janvier 2001 : Emile Louis revient sur ses
aveux et clame son innocence.
- 14 février 2001 : Emile Louis est mis en examen
pour viols et acte de barbarie sur sa dernière épouse
et la fille de celle-ci.
- 1er mars 2001 : La ministre de la Justice Marylise
Lebranchu reconnaît "indéniablement, un fonctionnement
défectueux de l'institution judiciaire" dans
l'affaire des Disparues de l'Yonne.
- 13 avril 2001 : Les deux cadavres de Rouvray
sont identifiés: il s'agit de ceux de Jacqueline
Weiss et Madeleine Dejust.
- 28 juin 2001 : Les avocats d'Emile Louis, Mes
Alain Fraitag et Alain Thuault, demandent à la juge
d'instruction d'Auxerre Claudine Philippe d'écarter
l'association de défense des handicapées de l'Yonne
du dossier.
- 26 juillet 2001 : Claudine Philippe rejette
les constitutions de partie civile de l'APAJH et
de son ancienne antenne dans l'Yonne - devenue Entraide
solidarité handicap 89-, qui font appel.
- 22 octobre 2001: Claudine Philippe déclare irrecevable
la constitution de partie civile de l'association
de défense des handicapées de l'Yonne, qui fait
appel.
- 23 octobre 2001: Quatre familles de handicapés
demandent en référé la nomination d'un administrateur
judiciaire de l'association Entraide solidarité
handicap 89.
- 20 novembre 2001 : Sur présentation d'un rapport
de la procureur de la République d'Auxerre, le procureur
général de Paris Jean-Louis Nadal ordonne l'ouverture
d'une enquête administrative, confiée à deux substituts.
- 12 décembre 2001 : L'Est Républicain publie
les extraits du rapport de la procureur de la République
d'Auxerre Suzanne Le Qeau qui établit que la quasi-totalité
des dossiers de 1958 à 1982 clos par un non-lieu
ont disparu du tribunal alors qu'ils doivent être
conservés 30 ans.
La famille Laville demande
à la ministre de la Justice d'ouvrir une procédure
pour entrave dans l'enquête sur la disparition de
leur fille Isabelle en 1987. Le juge des libertés
et de la détention se prononce sur le maintien en
détention d'Emile Louis.
- 13 décembre 2001: L'ancien substitut au parquet
d'Auxerre Daniel Stilinovic déclare au Républicain
Lorrain qu'"il y a eu à Auxerre des gens corrompus
qui ont permis à l'information d'être étouffée".
"Ces pratiques ont perduré pendant des années."
- 17 décembre 2001: Emile Louis est entendu au
palais de justice d'Auxerre.
- 20 décembre 2001: Les avocats d'Émile Louis
annoncent qu'ils vont demander au juge d'instruction
l'audition des auteurs du livre "Les Disparues
d'Auxerre" afin d'obtenir l'identité d'une
prostituée dont l'ouvrage cite un témoignage.
- 23 décembre 2001: Le Journal du Dimanche révèle
que l'enquête administrative du procureur général
à la Cour d'appel de Paris Jean-Louis Nadal confirme
la disparition du palais de justice d'Auxerre de
la quasi-totalité des dossiers de 1958 à 1982 clos
par un non-lieu.
2002
- 29 janvier 2002 : L'Est Républicain indique
que l'ancien procureur de la République d'Auxerre
André Ride a été entendu par la justice dans le
cadre de l'affaire des disparues de l'Yonne.
Jean-Pierre
Laville, père d'Isabelle, disparue à 17 ans en 1987,
annonce avoir porté plainte contre X pour corruption
passive et trafic d'influence et recel à la suite
des propos de l'ancien substitut Daniel Stilinovic
au Républicain Lorrain
- 5 février 2002 : L'ancien substitut au parquet
d'Auxerre Daniel Stilinovic réaffirme au Républicain
Lorrain que "c'est bien de corruption qu'il
s'agit" dans le classement sans suite"
du dossier de la disparition d'Isabelle Laville.
"Parler de négligences comme on le fait aujourd'hui,
c'est éviter de remonter à la source. La vérité
est bien plus grave et l'avocat de la famille Laville
a raison", dit-il.
"Nous avons affaire
à une magouille organisée au plus haut niveau."
- 6 février 2002 : L'avocat général de la Cour
de cassation estime que la mise en examen d'Émile
Louis, 67 ans, pour "enlèvement" dans
le dossier dit des "disparues de l'Yonne",
n'est pas prescrite, contrairement à ce qu'avait
jugé la chambre de l'instruction de la cour d'appel
de Paris en juillet dernier
- 11 février 2002 : La ministre de la Justice
Marylise Lebranchu déclare sur France-2 que "17
personnes ont disparu" dans l'Yonne.
- 12 février 2002 : Le ministère de la Justice
annonce que neuf dossiers concernant des jeunes
filles disparues ou décédées dans l'Yonne depuis
1970 et classés par un non-lieu sont "actuellement
examinés par l'Inspection des services judiciaires".
Cette
décision fait suite au rapport de la procureur de
la République d'Auxerre Suzanne Le Qeau.
- 14 février 2002 : Quatre magistrats, faisant
l'objet d'une saisine du Conseil supérieur de la
magistrature (CSM) dans l'affaire des disparues
de l'Yonne, vont comparaître devant leurs pairs
du 18 au 20 mars.
Il s'agit de René Meyer, procureur
de la République d'Auxerre de 1979 à 1986, Jacques
Cazals, également à ce poste, entre 1992 à 1999,
Daniel Stilinovic, substitut entre 1986 et 1989
et Bertrand Daillie, substitut à Auxerre de 1990
à 1995, suite aux lenteurs de la procédure jusqu'à
l'arrestation d'Émile Louis.
- 6 mars 2002 : Émile Louis est mis en examen
pour "assassinats".
Cette décision
était attendue, après celle de la Cour de cassation
qui a jugé en février dernier que les crimes dont
est soupçonné Émile Louis n'étaient pas prescrits.
Début de l'interrogatoire d'Emile Louis.
- 7 mars 2002 : Fin de l'interrogatoire d'Emile
Louis.
- 11 mars 2002 : Ouverture par le parquet d'Auxerre
d'une information judiciaire contre X pour "corruption
active et passive", "trafic d'influence,
recel, destruction, soustraction, recel ou altération
d'un document public ou privé de nature à faciliter
la découverte d'un crime ou d'un délit, la recherche
des preuves ou la condamnation des coupables".
Cette enquête intervient à la suite de la plainte
déposée par les parents Laville en 1987.
- 12 mars 2002 : Le Républicain Lorrain indique
que l'ancien substitut au parquet d'Auxerre Daniel
Stilinovic a été entendu le 11 mars comme témoin
au palais de justice de Metz par l'Inspection générale
des services judiciaires.
- La Commission d'indemnisation
des victimes d'infraction d'Auxerre accorde 95.000
euros à dix proches de sept disparues de l'Yonne
entre 1977 et 1979.
- 18 mars 2002 : Quatre anciens magistrats d'Auxerre,
dont Daniel Stilinovic, comparaissent devant le
Conseil supérieur de la magistrature.
Daniel
Stilinovic déclare au Républicain Lorrain qu'il
a "vraiment le sentiment de servir de bouc
émissaire" et dit son amertume à être "le
seul des quatre magistrats poursuivis à avoir accompli
un acte positif dans cette affaire" : "l'enquête
du gendarme Jambert (...) en 1984, c'est moi qui
la lui demande". La ministre déléguée à
la Famille et aux personnes handicapées Ségolène
Royal reçoit les familles de sept disparues de l'Yonne.
- 29 avril 2002 : La famille d'une jeune fille
disparue en 1988, Marie-Angèle Domece, porte plainte,
dénonçant une procédure menée de façon "abracadabrante"
et rapprochant l'affaire de celle des disparues
de l'Yonne.
- 15 mai 2002 : Reprise à Rouvray des fouilles
pour retrouver les corps des disparues.
- 17 septembre 2002 : Des fouilles sont organisées
dans le Serein, une rivière où Emile Louis venait
pêcher.
2003
- 10 janvier 2003 : Les enquêteurs analysent une
empreinte génétique prélevée sur le timbre d'une
carte postale envoyée par une des sept jeunes femmes
disparues.
- 13 mars 2003 : Emile Louis est interrogé à Rouvray
sur les lieux où avaient été découverts les cadavres
de deux des sept disparues à la fin 2000.
- 18 mars 2003 : Nicolas Sarkozy reçoit les représentants
des familles des victimes au ministère de l’Intérieur.
La
justice rouvre le dossier du suicide de l’adjudant-chef
Jambert, qui avait mis fin à ses jours en août 1997.
C’est lui qui, le premier, avait établi un lien
entre Emile Louis et les disparitions.
- 20 juin 2003 : L'ancien substitut au parquet
d'Auxerre Daniel Stilinovic est blanchi par le Conseil
d’Etat. L’Etat est condamné à lui verser 3000 euros.
- 24 juillet 2003 : Emile Louis, a été renvoyé
à la mi-juillet devant la cour d'assises du Var
pour des "sévices sexuels et des actes de barbarie"
contre sa deuxième femme et la fille mineure de
celle-ci.
- 5 novembre 2003 : Fin de l'instruction dans
l'affaire des disparues.
2004
- 26 mars 2004 : Emile Louis condamné est condamné
à vingt ans de prison notamment pour les viols avec
tortures et actes de barbarie de sa seconde épouse
et sa belle-fille.
- avril 2004: La procureur d’Auxerre confirme
l'hypothèse de l’assassinat avancée lors de l’autopsie
du corps de l'adjudant Christian Jambert, chargé
pendant dix ans de l'enquête sur les "disparues
de l'Yonne".
01.04.04 à 21h15
|
03
avril 2004 La mort du gendarme Jambert : le
parquet d'Auxerre a ouvert une information judiciaire
contre X pour assassinat
Sept ans après le classement en suicide du décès
du gendarme Christian Jambert, la justice fait preuve
de célérité et le parquet d'Auxerre a ouvert, samedi,
une information judiciaire contre X pour assassinat. Cette
réouverture du dossier fait suite aux résultats, rendus
publics jeudi, de l'autopsie du corps du gendarme révélant
qu'il présente deux impacts de balle peu compatibles
avec un suicide.
Le garde des Sceaux Dominique Perben a souhaité vendredi que la justice puisse
"éclaircir" l'affaire des disparues de l'Yonne
et la mort du gendarme Jambert. Il a précisé qu'il recevrait
"la semaine prochaine" la fille de l'ancien
militaire ainsi que les familles des sept jeunes filles
disparues à la fin des années 70 dans ce département.
Emile
Louis
L'ancien sous-officier avait enquêté
sur les disparues et mis en cause Emile Louis, l'ancien
chauffeur de car qui doit comparaître avant la fin de
l'année devant les asssises de l'Yonne pour leur assassinat
entre 1975 et 1980. Me Didier Seban, avocat de la
fille du gendarme, s'est déclaré satisfait "que
la justice se mobilise pour que le chemin de la vérité
soit retrouvé". Il a souhaité que "cette
fois la justice mettra tous les atouts de son côté pour
retrouver le ou les meurtriers du gendarme et rechercher
les responsabilités de cette incroyable défaillance
judiciaire". Selon la procureure d'Auxerre par
délégation, Monique Ollivier, qui a annoncé samedi l'ouverture
de l' information judiciaire contre X, les conclusions
du rapport d'autopsie "donnent à l'enquête une
nouvelle orientation ne permettant plus d'exclure une
origine criminelle du décès et rendant nécessaire un
élargissement des pouvoirs du juge d'instruction". L'information
judiciaire a été confiée à la juge auxerroise Karine
Renaud.
Officiellement suicidé
L'adjudant-chef
Jambert s'est officiellement suicidé par arme à feu
en août 1997. Après enquête, le procureur de l'époque
avait ordonné un classement sans suite sur cette mort.
Un rapport de l'Inspection technique de la gendarmerie
de mai 2001 avait également établi que M. Jambert,
dont le corps avait été retrouvé le 4 août dans la cave
de son pavillon une carabine à ses côtés, était dépressif
et avait déjà tenté de se suicider en 1995. En novembre
2003, la justice avait décidé de rouvrir le dossier
sur requête de sa fille, Isabelle Jambert, en ouvrant
une information judiciaire pour "recherche des
causes de la mort". Selon Philippe Monnoir,
président de l'Association de défense des handicapés
de l'Yonne (ADHY), "il y a l'affaire Emile Louis,
Jambert y a travaillé, c'est clair, mais il travaillait
aussi sur d'autres affaires dans l'Yonne concernant
la mort jamais élucidée de jeunes femmes". M.
Monnoir estime que "manifestement il y a eu camouflage
en suicide". "C'était troublant : il devait
être entendu par le juge d'instruction (...) il m'avait
dit 'maintenant je vais pouvoir dire ce que je sais',
or quelqu'un qui a travaillé pendant des années là-dessus
ne lâche pas au dernier moment", a-t-il commenté.
yonne républicaine 03.04.04 à 18h42
|
avril 2004 Disparues
de l'Yonne : le gendarme Christian Jambert a-t-il été
tué ?
La procureur d’Auxerre
confirme l'hypothèse de l’assassinat avancée lors de
l’autopsie du corps de l'adjudant Christian Jambert,
chargé pendant dix ans de l'enquête sur les "disparues
de l'Yonne". Les constatations faites lors de
l'autopsie du corps du gendarme Christian Jambert, mort
en 1997 et premier à avoir établi un lien entre Emile
Louis et les jeunes filles disparues dans l'Yonne, "sont
de nature à établir l'existence de deux orifices d'entrée
de projectiles au niveau de la tête de la victime",
a confirmé jeudi la procureur d'Auxerre. "Les
constatations du médecin légiste qui seront consignées
dans un rapport écrit transmis dans les prochains jours
au magistrat instructeur à Auxerre sont de nature à
établir l'existence de deux orifices d'entrée de projectiles
au niveau de la tête de la victime", a indiqué
Marie-Suzanne Le Quéau dans un communiqué. "Les
causes du décès de Christian Jambert ne pourront être
établies avec certitude qu'au terme d'investigations
complémentaires que le juge d'instruction va s'employer
à diligenter dans les plus brefs délais", a ajouté
la procureur de la République d'Auxerre.
Deux
traces de balles
Deux traces de balles ont
été relevées au cours d'une autopsie pratiquée à Auxerre
(Yonne) sur le corps du gendarme Christian Jambert,
accréditant la thèse de l'assassinat de l'enquêteur
longtemps chargé de l'affaire des "disparues de
l'Yonne", a-t-on appris jeudi 1er avril auprès
de Me Didier Seban, avocat de la fille du gendarme. "Ce
sont deux trajectoires de balle qui ont été découvertes
dans le crâne du gendarme Jambert" a annoncé l'avocat. "Cette
information remet donc sérieusement en cause" la
thèse du suicide, poursuit Me Seban. La justice
devrait prochainement ouvrir une instruction pour homicide. Me
Seban devait tenir une conférence de presse à son cabinet
parisien à 16h30.
Pas d'autopsie
Aucune
autopsie n'avait été effectuée après la découverte,
le 4 août 1997, du corps de Christian Jambert dans la
cave de son pavillon, une arme à ses côtés. Les enquêteurs
avaient conclu à l'époque au suicide du gendarme réputé
dépressif. Une thèse mise à mal par l'autopsie effectuée
jeudi à Auxerre dans le cadre de l'enquête sur les circonstances
de la mort de Christian Jambert, ouverte le 5 novembre
2002, à la suite de la demande faite par Isabelle Lambert,
la fille du gendarme. L'adjudant-chef avait signalé
dès 1979 la possibilité de l'implication d'Emile Louis
dans la disparition de sept jeunes filles déficientes
mentales dans la région d'Auxerre entre 1975 et 1979.
Il avait de nouveau attiré l'attention de la justice
sur le chauffeur de car en 1984. Le parquet d'Auxerre
avait refusé à l'époque d'envisager la possibilité de
l'enlèvement.
Incohérences
Interpellé
en décembre 2000, Emile Louis a finalement admis sa
responsabilité dans la mort des sept jeunes femmes,
avant de se rétracter. Mis en examen et incarcéré, il
sera jugé avant la fin de l'année par la cour d'assises
de l'Yonne pour les sept assassinats. Le procès se déroulera
"en octobre, novembre ou décembre" 2004 au
Palais de justice d'Auxerre et devrait durer entre quatre
et cinq semaines. Christian Jambert est décédé trois
mois après la réouverture en 1996 du dossier des disparues
suite à une plainte de l'Association de défense des
disparues de l'Yonne. Le gendarme devait être entendu
comme témoin par le juge d'instruction au cours du mois
d'août 1997. Sa famille s'est étonnée à plusieurs
reprises de plusieurs incohérences dans l'enquête menée
en 1997 sur son décès. Si une carabine a été découverte
à côté du cadavre du gendarme, la balle et la douille
n'ont pas été retrouvées, avance-t-elle. Seuls les
corps de Madeleine Dejust et de Jacqueline Weis ont
été découverts en 2000 et 2001. En dépit de nombreuses
fouilles, ceux des cinq autres disparues, Martine Renaud,
Christine Marlot, Françoise et Bernadette Lemoine et
Chantal Gras, n'ont toujours pas été retrouvés.
NO avec AP
Yonne Republicaine 01.04.04 à 18h01
|
Juillet 2003
Réponse du 2 juillet de Madame Marie-Claire CARRERE-GEE,
Conseillère du Président pour les affaires sociales.
«en ce qui concerne la douloureuse affaire que
vous évoquez, la séparation des pouvoirs interdit
au Président de la République, au Gouvernement comme
au Parlement de se prononcer, celle-ci étant actuellement
entre les mains de la justice. Le Chef de l'Etat
fait confiance à l'institution judiciaire pour que
les responsabilités soient désignées. Soyez sûr
que tous les enseignements utiles seront tirés des
dysfontionnements éventuels qui auront pus être
mis en évidence.»
A lévidence le Président de la République accorde
plus d'attention à cette affaire que M. SOISSON qui
seul parmi les députés de l'Yonne n'a pa cru devoir
répondre. R appelons tout de même que cette affaire
traine depuis 20 ans et que les dysfonctionnements sont
évidents et graves et qu'ils sèment le doute sur les
institutions concernées. Il appartient à la puissance
public de veiller au bon fonctionnement des institutions
sinon qui?
|
Juin 2003
Daniel PICQ Secrétaire de la fédération
de l’Yonne du Parti Communiste Français 30 rue
Michelet 89000 Auxerre
Monsieur le Président
de la République Française Palais de l’Elysée
Auxerre, le 2 juin 2003
Monsieur le Président,
Vous avez solennellement déclaré vouloir faire
du handicap une grande cause nationale et européenne.
Nous agissons pour notre part pour que les institutions
de la République améliorent de façon profonde le sort
des handicapés et qu’elles contribuent à modifier radicalement
le regard de la société sur ceux qui connaissent aujourd’hui
à la fois handicap et discriminations. Dans ce sens,
le PCF a élaboré une charte pour les droits des handicapés
qu’il a rendue publique.
Votre intervention reçoit donc notre approbation.
Nous pensons qu’elle doit déboucher sur des décisions,
des actes forts.
C’est pourquoi, nous tenons à vous informer
de la
situation très préoccupante
qui fait douter , dans le département de l’Yonne, du
fonctionnement des institutions de la République et
du respect des principes
affichés.
L’affaire dite des disparues de l’Yonne constitue
l’aspect le plus scandaleux du regard porté sur le sort
des handicapés mais elle témoigne aussi d’inadmissibles
et durables dysfonctionnements des institutions en charge
des handicapés. Sont en cause les services de la gendarmerie,
de la justice, de la DDASS et le contrôle exercé par
les ministères de tutelle. Des pressions ont été exercées
sur ceux qui réclament justice.
De lourdes interrogations demeurent. Par exemple : serait-il tolérable que
l’affaire ( connue de tous) des 13 stérilisations
pratiquées sur des jeunes filles handicapées du CAT
de Sens, dans des conditions pour le moins douteuses,
se solde par un non lieu
comme l’a clairement laissé entendre Monsieur le Procureur
de la République ?
Compte tenu de l’importance des problèmes
,
du doute qui s’est emparé
de la population quant à la réelle volonté
politique de lever tous les obstacles à la bonne marche
de la justice, nous avons interpellé les formations
politiques et les parlementaires de l’Yonne pour qu’ils
agissent en faveur de la mise en place d’une commission
d’enquête parlementaire qui se saisirait de l’affaire
des disparues de l’Yonne et l’ensemble des dysfonctionnements
constatés.
Messieurs Auberger,
de Raincourt et Rolland
nous ont répondu qu’il n’était pas possible de constituer
une telle commission sur une affaire dont la justice
est saisie. Doit-on ici rappeler que les premières investigations
remontent à plus de 20 ans ? Et doit-on faire observer,
que si la loi s’avère dépassée ou défaillante, il convient de la changer ?
S’agissant de questions aussi graves et aussi sensibles
,
sur le plan humain et sur
le plan de l’éthique , c’est ce que nous demandons.
Procéder de la sorte ne serait d’ailleurs pas sans précédent.
N’est-ce pas ce qu’ont
fait ces mêmes parlementaires
récemment a propos d’importantes dispositions
constitutionnelles ?
C’est pourquoi, nous vous demandons Monsieur le Président de la République, de mettre
le poids de votre autorité pour que cesse le scandale
qui entache l’image de notre département, celle d’importantes
institutions et pour que le doute soit levé sur la volonté
que la justice aille jusqu’ à son terme.
Sans cela pourra-t-on dire que les handicapés
ont droit à l’égale dignité avec les autres citoyens ?
Nous vous assurons, Monsieur le Président
de la République, de notre détermination à soutenir
toute démarche de votre part allant dans ce sens.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer,
Monsieur le Président de la République, l’expression
de nos sentiments républicains.
Daniel PICQ Secrétaire de la fédération
de l’Yonne du PCF
à suivre
|
Avril
2003
Résumé
de l'article signné J.Cordillot, D.Picq, C.Bailly, paru
dans "les Nouvelles de l'Yonne n° 163
- La fille du gendarme Jambert demande
l'ouverture d'une enquête sur le "suicide"
de son père.
- Le procès d'Emile Louis est annoncé
pour 2004 mais ses avocats estiment qu'il pourrait
bénéficier de la prescription
- Les questions de P. Monnoir (Président
de L'ADHI dont l'action a permis la réouverture
du dossier) mettent les responsables politiques
dans l'embarras.
- Les énormes dysfonctionnements qui
ont étouffé cette affaire témoignent d'un regard
sur les handicapés incompatible avec leur droit
à la même dignité que les autres citoyens.
- Partant de ce constat, Daniel Picq, pour
la fédération de l'Yonne du PCF à demandé l'ouverture
d'une commission d'enquête parlementaire. Les députés
se réfugient derrière un paravent juridique. JP.Soisson
n'a même pas répondu.
|
Haut de la page
|